Premier Sang
Une année Olympienne s'était écoulée.
Suite à la libération du peuple Triton par une alliance inédite entre Olympiens et Géants, des jours heureux de commerce et de festivités auraient dû voir le jour.
Mais Olympia s'ébroua de nouveau, comme pour signifier qu'Elle n’appréciait guère qu'on lui parcourût sans cesse l’échine.
Il n'y eut que peu de victimes. Certains furent emportés par les eaux, d'autres disparurent dans les entrailles d'Olympia. Devait-on se préparer à se terrer à nouveau dans les abris pendant plusieurs décennies? Il n'en fut point ainsi.
Ce sont les Mages de ce monde qui constatèrent en premier l'anomalie. Le flux magique, d'habitude si puissant sur Olympia, s'était tari d'un seul coup. Olympia ne répondait que très faiblement aux demandes et cajoleries des Maîtres de la Magie Sauvageons, Olympiens, Elfes… Même les Nains et les Géants, aux pouvoirs si particuliers, durent admettre que les éléments ne se pliaient plus à leur Force Mentale.
Étaient-ce les Dieux qui s'offusquaient d'un manque d'attention? Personne ne sut, mais beaucoup prièrent. Des offrandes, des cérémonies, des sacrifices, le tout pour tenter d'apaiser les Forces de la Nature.
Certains aussi, tout en priant, pointèrent du doigt leur voisin. Ce fut le cas des Géants des Cimes et des Homme-Sauvages, entre lesquels le poison des griefs s'était immiscé peu à peu ces dernières années, à tel point que les Géants avaient même tenté d'assassiner Sarx, le Gardien du Tertre Sauvage. D'un côté comme de l'autre, les pires rumeurs circulaient, alimentées par d'ancestrales querelles.
Le coup de grâce survint lorsque l’on découvrit le cadavre d'un Géant au beau milieu de la Bannière Velue, à la frontière entre les deux territoires. Terre d'Ombres, le Forgeron des Cimes, avait succombé à de nombreuses blessures magiques, c'était certain. Les Géants jurèrent de venger leur aïeul. Les Nains, éternels alliés des Montagnes, leur assurèrent leur soutien. Quant aux Homme-Sauvages, leur silence fut peut-être pire que de véhéments démentis. Ils se retirèrent au plus profond de leur Jungle, et n'en sortirent plus que pour châtier les Géants qui osaient s’aventurer trop au Sud de leur frontière. Les Elfes, après moult divinations et non sans avoir consulté longuement leurs Prêtres, se rangèrent au côté de leur Sauvage allié.
Les Olympiens, eux, n'en firent pas grand cas, loin qu'ils étaient de ce qu'ils appelaient les « Confins barbares ». Ils concentrèrent leurs efforts afin de dompter à nouveau le flux magique d'Olympia, aidés de leurs nouveaux et aquatiques alliés, les Tritons.