Forums: Le Chant des Souvenirs: Le retour du Send | |||||||||
Devdra | le 09/05/2023 à 15h05 | ||||||||
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Le retour du SendL'Elfe posa un pied sur le sol ferme et le bruit de sa botte résonna dans l'immense halo de brume qui l'entourait. Elle avait marché pendant un temps infini entre les mondes, sans ressentir aucune fatigue, ni faim, ni soif. Mais au moment où son pied avait touché la pierre, les sensations l'avaient submergé comme une vague scélérate.Tout d'abord le froid, polaire, et l'oppressante humidité exhalée par le Gouffre. Puis le bruit, le bruit de l'eau chutant dans les Abysses sans fins de ce que la plupart des peuples connaissent comme "l'extrémité du monde". Ainsi son voyage prenait fin. Elle avait quitté les Havres seule, renonçant à l'extrême douceur de ce paradis illuminé par la présence de la Déesse. Ses proches avaient pleuré son départ, et leurs larmes tombaient au ralenti avant de se briser sans bruit sur le sol en une pluie de minuscules diamants étincelants. Il suffit! pensa l'Elfe. Je préférais lorsque leurs larmes laissaient de clairs sillons sur leurs visages souillés par les Cendres, alors que le monde prenait fin. Là au moins servaient-elles à quelque chose. Les larmes qui lui vinrent, alors que le vent glacial emmêlait ses cheveux d'un noir de jais, avaient le goût délicieux du sel et de la vase. Elle vivait à nouveau. Et se mit à marcher. L'eau lui arrivait aux chevilles. Elle remonta le courant de cette vaste étendue d'eau glaciale qui se précipitait froidement vers les entrailles d'Olympia. Puisse la Déesse me pardonner d'avoir quitté Son Sein. La peur était un sentiment qui ne lui avait pas manqué. Heureusement, il en fallait beaucoup pour impressionner la Send. Au fond d'elle tout de même, un léger tiraillement là, à la pointe de son cœur, lui rappelait qu'elle était à nouveau chaire, et que la chaire périssait en général dans d'effroyables souffrances. Puisse la Déesse veiller sur mes pas. Petit à petit, la brume s'éclaircit et laissa même entrevoir un rayon de soleil faiblard. Sur Olympia, la Soleil n'était jamais loin. Quelque chose avait changé, néanmoins. Pourquoi ne sentait-elle pas la douceur enveloppante du Mana? Avait-elle pris la mauvaise direction, et atterri sur ce monde si bleu et pourtant si magiquement aride, que certains appelaient Êl'luin, l’Étoile bleue? Les premiers arbres se dessinaient à l'horizon, leurs longues racines puisant dans l'eau, et Devdra pressa le pas en leur direction. |
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Devdra | le 25/05/2023 à 14h50 | ||||||||
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Olympia avait bien changé depuis sa dernière visite, au siècle dernier. L'herbe si tendre qui recouvrait son sol avait fânée, faute de lumière. Une sorte de Lichen gris avait pris sa place. Le Cataclysme n'avait pas su arrêter la folle compétition de la Nature. La Steppe s'étendait, infinie, et nulle route pour orienter ses pas. Seul le Vent des Cimes, aussi froid que les immenses glaciers desquels il provenait, lui donnait une marche à suivre. Oui, il était plus confortable de marcher dos au vent. Devdra marcha donc vers l'Ouest, s'éloignant des paysages minéraux et des peuples montagnards. Ces barbares avaient probablement survécu. Comme le Scorpion, ils avaient dû se terrer ou s'encarapaçonner dans des gangues de pierre et de glace pour éviter les rayonnements Cataclysmiques meurtriers. Ou bien, s'enterrer pour de bon à des lieus et des lieus sous la surface pour s'adonner sans limite à leur activité favorite, creuser la roche et perdre l'esprit en contemplant des pierres aussi brillantes que sans âme. Après plusieurs jours de marche, la Send aperçut enfin l'orée d'une Forêt. La Déesse officiait donc toujours ici-bas, pensa Devdra en murmurant une courte prière à son intention. Quelque chose se mouvait à la lisière du bois, et l'Elfe mit sa main en visière pour se protéger les yeux des rafales de poussière de la Steppe. De majestueux quadrupèdes se déplaçaient vers le Sud Est, soulevant de leurs sabots un voile de particules de Lichen gris. Leurs cornes imposantes et arquées faisaient la taille d'un Arc long, pour la plupart. Entre leurs cornes majestueuses, un disque d'or flottait, renvoyant les faibles lueurs de la Soleil en éclairs fugaces et dorés. Devdra s'inclina pour saluer le troupeau qui passait au loin. Les Bêtes étaient si belles qu'on avait l'impression que l'astre solaire se débattait pour percer la couche nuageuse et envelopper ses enfants aux doux museaux de Sa tiède lumière. Maudit soit celui qui portera la main sur les protégées d'Hellios. Dans un silence surnaturel, nimbées de la lumière de leur maître, les divins bovidés traversèrent l'horizon pour se perdre dans la Steppe. |
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