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Anatomie comparée des peuples d'Olympia

Préface

Ce livre se propose de donner des éléments de comparaison sur l’anatomie des peuples d’Olympia et sur les attributs qui en font leurs différences. Cet ouvrage scientifique a été écrit à partir des découvertes que j’ai obtenues au fil de nombreuses années de recherche.

Mon travail pouvant paraître controversé sur certains points, j’ai pris soin ma vie durant de cacher le réel sujet de mes expérimentations à mon entourage. Les âmes sensibles et autres justiciers qui foisonnent en ce monde n’auraient pas compris la remarquable contribution que ce travail apporterait à notre compréhension du monde et m’auraient sans doute fait quelques ennuis. C’est pourquoi je me décide à coucher sur papier les résultats de mon étude que parce qu’elle est enfin terminée. La vision globale de cette œuvre permettra aux plus circonspects de comprendre que certains maux sont parfois nécessaires à l’évolution de la civilisation.

Toutefois, en regard de son contenu, je suggère de ne pas mettre cet ouvrage entre toutes les mains, il se destine avant tout à un public d’érudits qui vouent leurs vies à la science et pour qui l’obtention de nouvelles connaissances justifie les moyens utilisés pour y arriver.

Note sur l'auteur

Même si je me garderai bien de donner mon nom, voici quelques éléments de ma vie qui vous permettront de mieux cerner ma personnalité et mes motivations.

Appartenant au peuple des Hommes Sauvages, j’ai bénéficié pendant plusieurs années d’un poste permanent de professeur à l’académie de magie. Ce travail me permettait, en plus de me fournir un raisonnable pécule, d’avoir un accès illimité aux ressources de l’immense bibliothèque de l’académie ainsi que de me fournir un lieu à l’abri des regards pour mes expérimentations.

La plupart de mes semblables vivent dans des abris construits en haut des arbres ou même parfois à l’intérieur lorsque ceux-ci le leurs permettent. L’académie de magie est un des rares bâtiments à avoir une emprise au sol. C’est également le plus grand de tous ceux-là. Le bâtiment est fait d’un assemblage hétéroclite de pierre, de bois et de torchis. Il s’agit d’une grande tour ronde constituée de plusieurs étages. Les étages inférieurs sont réservés au logement et à l’apprentissage des novices tandis que les étages supérieurs abritent la bibliothèque, joyaux de l’académie, et le logis des enseignants. Enfin l’édifice se termine par la volière, située au dernier étage. Le bâtiment possède également un sous-sol, bâti en pierre, regroupant des salles à l’usage divers : cellier, remise, salles de travaux pratiques et même cachots.

C’est ici que j’y ai établi mes quartiers. La capacité d’accueil du bâtiment étant bien supérieure à sa fréquentation, je me suis installé à l’endroit le plus miteux de l’académie, ce qui me garantit une certaine tranquillité. Je dispose donc à ma convenance de plusieurs salles dans lesquelles réaliser mes expériences ainsi que d’une chambre attenante. Celle-ci est plutôt rudimentaire, meublée seulement d’un lit et d’un petit bureau pour y rédiger mes comptes-rendus, mais elle me permet de surveiller les rares passages des autres résidents.

Pour en revenir au sujet initial, il se trouve que je suis un féru de sciences occultes. Les innombrables heures que j’ai passé dans la bibliothèque m’ont permis d’acquérir de nombreuses connaissances oubliées. Certaines parties de la bibliothèque, interdites au quidam, recèlent de trésors anciens. C’est ici que j’ai déniché quelques ouvrages de magie noire des plus intéressants. L’usage de ce type de magie est bien entendu formellement interdit et le fait que je m’en sois servi pour mes recherches me condamnerait probablement à l’échafaud mais comme je vous l’ai déjà dit précédemment, la fin justifie parfois les moyens.

Nous en arrivons donc à ma seconde passion : l’anatomie. Depuis mes plus jeunes années, je dissèque toutes sortes d’animaux et autres espèces légendaires. Je dispose désormais d’une belle collection de planches anatomiques (réalisées par moi-même ou acquises auprès de confrères) et les connaissances dans ce domaine ont bien évolué depuis mes débuts. Reste que certaines espèces sont encore très peu documentées. Je parle bien sur des peuples civilisés d’Olympia et ce livre se propose de remédier à ces lacunes.

Protocole de collecte

Pour garantir la représentativité des résultats, il est nécessaire de réunir pour chaque race, un panel de sujets d’étude comportant idéalement des mâles et des femelles. Cette phase de collecte représente donc une partie très chronophage de mes études. La principale difficulté de cette étape réside dans le fait qu’il est nécessaire de que je me procure des sujets vivants pour une partie de mes expérimentations. A cette intention, j’ai développé différentes stratégies de collecte.

La première d’entre elle nécessite l’usage d’un sortilège proscrit dont je vous parlais précédemment. La Compulsion permet d’obliger quelqu’un à faire quelque chose contre son gré. Ce sort est d’autant plus pratique que la victime ne se rend pas compte qu’elle est manipulée et la dissipation du sort ne lui laisse que quelques souvenirs diffus du temps passé sous contrôle. D’entre toutes les méthodes, c’est celle qui obtient ma faveur car elle évite d’avoir à se salir les mains ou d’avoir recours à d’habiles stratagèmes pour faire venir le cobaye jusque dans mes quartiers. Une fois le sujet sous contrôle de Compulsion, une simple suggestion nous transforme en compagnons de route jusqu’à arrivée à destination.

La technique a toutefois ces limites et je déconseille fortement de l’utiliser contre un autre magicien. Celui-ci pourrait bloquer l’attaque ou découvrir la nature de ce sort, ce qui serait encore plus désastreux que de rentrer bredouille. Dans cette situation, il sera nécessaire de faire disparaître au plus vite le fâcheux. Les personnes dotées d’une forte personnalité ou d’une forte volonté pourraient également résister et briser l’envoûtement par eux même. Pour ces cas-là, l’utilisation d’autres stratégies se révèle nécessaire.

La seconde méthode consiste à faire venir les sujets à l’académie en leur promettant ce qu’ils désirent. Cela peut passer par la promesse d’une bourse rondelette (pour les cupides et les miséreux), d’un philtre d’amour (pour les dames éconduites), d’un livre ancien (pour les collectionneurs et les érudits), etc… La méthode nécessite de s’adapter à son interlocuteur mais ne se révèle finalement efficace que sur les autochtones et les voyageurs de passage. Impossible de faire venir un Nain de Fort Turok par cette méthode, même en lui faisant miroiter un gros tas de gemmes. La distance à parcourir pour obtenir le sésame finit même par dissuader les esprits les plus avides.

La troisième voie est celle du rapt. Je n’utilise cette méthode qu’en dernier recours car elle comporte son lot de dangers et d’incertitudes. En premier lieu, il faut parvenir à faire main basse sur sa cible. La drogue ou l’ivresse sont les façons de faire les plus discrètes. Il faudra par contre avoir gagné au préalable la sympathie de sa victime pour l’amener à partager quelques choppes avec nous. La violence reste souvent la solution la plus pratique mais également la plus risquée. Je recommande d’attaquer par surprise et de laisser la cible dans un état agonisant, cela évite la plupart du temps d’avoir à subir de riposte.

Reste ensuite à s’assurer du transport du cobaye à travers tout Olympia. Là encore il faudra s’adapter à la situation. Il est possible de cheminer avec sa victime ligotée sur une mule en la faisant passer pour un forban que l’on va livrer à la justice du gouvernement local, mais ce stratagème fonctionnera assurément mieux avec un faciès balafré qu’avec le joli minois d’une dame. La charrette d’un paysan ou d’un tonnelier offre indubitablement plus de sécurité. Il faudra au préalable graisser généreusement la patte du pauvre hère en lui promettant le double à l’arrivée. Une seconde précaution est tout autant nécessaire pour éviter le réveil impromptu du chargement. L’ingestion d’une décoction de racine fourchue entraîne une paralysie totale des muscles. L’administration de ce breuvage toutes les six heures donnera l’assurance que la cargaison reste immobile et coite durant l’intégralité du voyage.

Matériel et méthodes

La présente étude se propose de comparer les spécificités anatomiques mais aussi les attributs physiques et magiques propres à chaque peuple d’Olympia. Si la dissection ne demande qu’un matériel plutôt sommaire (scie pour les os, lames au tranchant rasoir pour les tissus), certaines de mes expérimentations ont nécessité de réaliser des montages plutôt complexes qu’il convient que je vous détaille pour la bonne compréhension des résultats.

Attributs magiques

Les attributs magiques ont pu être quantifiés au moyen de deux expériences :

La première d’entre elle est également la plus complexe des deux. Celle-ci m’a permis de mettre en avant l’endurance à la magie. Le matériel est relativement simpliste quoique quelque peu onéreux : une chaise en bois agrémentée de liens en cuir et quelques pierres de mana fixée au plafond par des chainettes d’argent. Le protocole s’est révélé lui autrement plus compliqué à élaborer.

Le but de la manœuvre consiste ici à faire augmenter la pression magique autour de notre sujet d’étude jusqu’à atteindre les limites que son corps soit en mesure de supporter. Elles se traduisent généralement par un évanouissement mais il arrive également que les conséquences soient plus définitives. Les pierres de mana jouent ici un rôle d’amplificateur. Le métal constitutif des chaines de fixation exerce également une influence que je ne parviens pas encore à expliquer. L’acier et le bronze semblent altérer la puissance du cristal tandis que l’argent le plus pur permet au contraire d’exprimer son plein potentiel. J’aurais aimé soumettre ce problème à un alchimiste, mais la discrétion dont je dois faire preuve m’en empêche. Le cercle de rune gravé au sol joue lui un rôle de catalyseur. Cette enchantement, extrait d’un très ancien livre d’origine naine, permet de faire converger la puissance magique au centre de ce cercle.

Il suffit ensuite de canaliser quelques flux magiques à travers les cristaux, et le sujet se trouve immédiatement soumis à une forte pression magique. La puissance du lanceur est d’ailleurs sans importance, seul le nombre de cristaux entourant la cible compte. Il ne reste alors qu’à répéter l’expérience en augmentant petit à petit le nombre de cristaux, jusqu’à atteindre les limites physiologiques du sujet.

La méthode, appliquée comme telle, permet de quantifier la force mentale de la cible. Par réflexe, le sujet opposera une barrière mentale pour contrer la pression magique et son corps ne ressentira la pleine mesure de cette force que lorsque ses défenses seront mises à bas. Nous pouvons atteindre dans ce cas un nombre élevé de cristaux, et le corps aura souvent du mal à encaisser l’afflux soudain de magie qui déferle sur lui une fois son esprit vaincu. Le pourcentage de trépas se révèle alors assez élevé.

Pour éviter cette déconvenue, il est possible de placer sur le crâne du cobaye une calotte métallique. L’intérieur ce cette calotte est tapissée de fines pointes qui s’enfoncent légèrement dans le cuir chevelu tandis qu’un cristal de mana taillé en pointe est enchâssé dans sa partie supérieure. Celui-ci fonctionne comme un récepteur et permettra de passer outre les barrières mentales. La pression magique s’exerce alors sur le corps dès l’ajout du premier cristal et augmente graduellement avec le nombre. En comparaison de la méthode initiale, le nombre de cristaux nécessaires diminue drastiquement tandis que le taux de survie du cobaye augmente. Cette méthode permet de quantifier ce que j’appelle la résistance magique.

Le contraste des résultats obtenus pour ces deux attributs m’autorise à penser que je suis dans le juste et que je touche du doigt quelque chose qui pourrait révolutionner notre compréhension de la magie.

Une seconde expérience, beaucoup plus triviale, consiste à faire ingérer au sujet une certaine quantité de pierre de mana concassée. Cette dernière, une fois dans l’estomac, permet de qualifier la capacité du corps à stocker la magie. J’ai nommé ce troisième attribut, la capacité magique.

Pour se faire je prépare un brouet à partir des ingrédients suivants : une pierre de mana (5 carats) finement broyée en poudre, un posson de flocon d’avoine et quelques feuilles de sauge divinatoire. En plus d’assaisonner, la sauge à l’avantage d’accélérer l’absorption de la magie. La mixture, bien que peu engageante, est finalement plus insipide qu’infecte. Après la privation du voyage consécutive à leur capture, les cobayes ne se font en général pas prier longtemps avant de commencer à manger de bon cœur. Il convient toutefois de brider leur appétit et de faire une pause après chaque dose pour laisser à leur corps le temps d’absorber la charge magique. Lorsque le corps dépasse sa capacité de stockage maximale, la régurgitation sonne généralement la fin de l’expérience. L’overdose conduit parfois au décès, c’est pourquoi il est préférable d’échelonner les quantités ingérées.

Attributs physiques

Pour caractériser les attributs physiques de mes sujets d’étude, j’ai également mis au point quelques tests physiques.

Le premier, on ne peut plus simpliste, consiste à faire soulever aux individus des poids au-dessus de leur tête. Le montage consiste en une solide barre d’acier sur laquelle on vient fixer des pierres rondes calibrées aux extrémités. La promesse d’un repas à hauteur de la masse soulevée suffit généralement à obtenir de bon gré le concours des cobayes. Cette expérience permet bien entendu de mesurer la force physique. Comme il s’agit de la moins traumatisante, c’est la première expérience que j’effectue avec mes cobayes, ce qui permet dans un premier temps de les rassurer quelque peu.

La seconde expérience m’a été très largement inspirée par un érudit Olympien du nom de Casin Nevatov. Ce brillant chercheur a mis au point un système de treuil permettant d’appliquer une force calibrée équivalente au poids d’une masse morte de valeur connue. En d’autres termes, un tour de manivelle correspond à la force appliquée par une masse de 100kg, deux tours à celle d’une masse de 200kg, etc… Le treuil possède en outre un système de cliquets anti-retour permettant de fixer la force à un équivalent-masse de 10 kg. Ce cher confrère a également donné son nom à l’unité permettant de quantifier cette force. Ainsi la force exercée par une masse de 100 kg correspond à une valeur de 1 000 Nevatov (ou 1 000 N).

Je me suis procuré à grand frais ce treuil, ce qui m’a permis de mettre au point cette seconde expérience. Le sujet d’étude est lié par la taille à une table. Ses pieds et une de ses mains y sont également attachés. Sa main libre est quant à elle reliée par une corde au treuil. La manivelle est ensuite tournée lentement jusqu’au point de rupture des muscles et des tendons. Cette méthode permet de caractériser la résistance physique. Après arrachement du membre, il convient de cautériser au plus vite la plaie pour préserver l’intégrité du cobaye en vue de la prochaine étape.

La dernière expérience a pour objectif de mesurer la quantité de fluide vital. La méthode consiste simplement à trancher l’artère fémorale du sujet d’étude et de recueillir son sang dans un seau. La quantité de sang perdue avant décès permet de mesurer sa vitalité. Il s’agit bien évidemment de la dernière étape avant de passer à la dissection.

A la froide lecture de ces lignes, vous penserez sans doute que je suis un être cruel. Il est vrai que la roue de la connaissance tourne en écrasant parfois des innocents sur sa route. Et pourtant, il est nécessaire qu’elle continue à tourner. Malgré tout ce que vous penserez, je ne me complais pas à contempler la souffrance d’autrui et il arrive que j’abrège moi-même la souffrance d’un cobaye à l’agonie. Il suffit dans ce cas-là de poser sa main sur le cœur du moribond et d’envoyer une impulsion magique foudroyante à contretemps des pulsations cardiaques pour arrêter le cœur aussi sûrement qu’une dague en pleine poitrine, les éclaboussures en moins. Il est d’ailleurs assez étonnant de voir à quel point la frontière entre la vie et la mort est fine, car le même procédé appliqué sur un cadavre encore chaud permet parfois de le faire revenir à la vie. Malheureusement, ces revenants conserveront souvent quelques séquelles de leur voyage dans l’au-delà.

Et enfin pour clore ce chapitre, certaines expériences pouvant se montrer bruyantes, il a été nécessaire que je m’assure de de l’insonorisation des lieux afin de préserver le secret de mes travaux. Un sortilège tissé à même les murs et maintenu par des gardes magiques aux quatre coins de la pièce m’assure qu’aucun son malvenu n’atteigne les oreilles des autres résidents.

Les Olympiens

Les écrits convergent tous pour dire que les Olympiens furent créer par les Dieux à leur image. Si l’orgueil et la mégalomanie sont les traits de caractère dominants chez les Olympiens, il n’en reste que ce peuple a su développer une organisation militaire et une structuration sociale hautement efficace qui les place régulièrement au centre de l’échiquier politique d’Olympia.

Par qui d’autre aurais-je donc pu commencer cette étude si ce n’est par ce peuple béni d’entre tous ? Nul doute que cela saura flatter leur égo. La race dominante, comme elle se plaît elle-même à se nommer, méritait bien la distinction d’être la première à passer entre mes mains.

Cette première analyse posera quoiqu’il en soit les bases pour la suite de l’étude et les résultats obtenus avec les Olympiens constituera par la suite notre référentiel.

Phase de collecte

Avec les Olympiens, la phase de collecte se révéla relativement simple. La Compulsion fonctionne extraordinairement bien sur ce peuple et les sujets d’études me suivirent jusque dans mes geôles sans grande résistance. Leur assurance et leur superbe en font de toute manière des dupes idéaux et la tromperie constitue une solution de secours tout aussi efficace.

Mesures des attributs

Je procède généralement dans cet ordre pour la mesure des attributs physiques et magiques :

La première expérience réalisée est celle de l’arraché de poids. A ce jeu, les Olympiens réalisent une prestation correcte en soulevant la masse maximale de 160 kg. Ce qui, dans les conditions de détention dans lesquelles ils se trouvent, tient en partie de l’exploit.

Le second test est celui de la capacité magique. Les sujets d’étude réussissent à ingurgiter 300 grammes du brouet d’avoine avant de se mettre à rendre à leur repas.

Après avoir laissé quelques jours de récupération et donné plusieurs repas convenables aux captifs, vient le moment de la double expérience des cristaux. Je réalise d’abord l’expérience la moins éprouvante, celle faisant intervenir la calotte métallique réceptrice. La résistance magique des Olympiens équivaut à la pression magique exercée par 5 cristaux de mana. La même expérience sans le brise-garde permet d’augmenter substantiellement la pression magique. Les cobayes résistent à la pression de 7 cristaux avant que leur force mentale ne cède. Les sujets d’étude Olympiens ont d’ailleurs tous miraculeusement survécu au déferlement de magie qui en résulte.

Je laisse encore une fois plusieurs jours de récupération aux cobayes avant d’attaquer la phase terminale des tests. Sur la table d’écartèlement, le bras des Olympiens résiste à un peu plus de 5 tours de treuil avant démembrement, soit une force exercée de 5150 N.

Après avoir cautérisée la plaie et donné de quoi reconstituer les réserves sanguines des malheureux (un bon bouillon salé fait très bien l’affaire), je procède dans les 24h à la mesure de vitalité. La perte d’un bras sous-estime bien évidement le volume réel mais cela constitue un biais acceptable. Je récolte un volume conséquent de 6L de sang lors de la saignée.

En absence d’éléments de comparaison, ces données brutes servent surtout à établir un référentiel pour les autres races et apportent la première pierre à l’édifice que ce livre se propose de bâtir.

Spécificités anatomiques

Avec une taille moyenne de 2 mètres pour un poids de 100 kg pour les individus mâles et de 1,8m et 75 kg pour les individus femelles, les Olympiens sont dotés d’une constitution que l’on peut qualifier de solide.

Chez ce peuple, les côtes flottantes sont d’ailleurs inexistantes mais ont muté au fil des siècles en une plaque de cartilage qui recouvre intégralement le thorax et le ventre. La souplesse du cartilage en comparaison à celle des os a permis de conserver la mobilité du tronc tout en conférant aux Olympiens une armure naturelle qui protège efficacement les viscères. En combat singulier, cela réduit de beaucoup la marge de manœuvre de l’adversaire. Pour atteindre le cœur, il faudra nécessairement frapper par l’arrière, où les espaces intercostaux ne sont pas totalement comblés. Comme il y a peu de chance que votre adversaire ne vous tende ainsi le dos, mieux vaudra alors viser la tête ou trancher une artère. La ténacité légendaire des Olympiens ne tient donc pas qu’à leurs qualités guerrières mais également à une spécificité anatomique singulière !

Le cerveau pèse 1350g et le cœur 400g. La fréquence cardiaque au repos est de 60 battements par minutes. Je prends bien soin de relever ce paramètre avant le début de mes expérimentations. Le stress et la douleur pouvant par la suite surévaluer complètement la mesure. La circulation sanguine se révèle semblable à celle des grands mammifères. Il faut toutefois noter que la vascularisation est importante, notamment au niveau des muscles, ce qui peut expliquer la puissance physique que les Olympiens sont en mesure de déployer. Le cerveau est bien irrigué. La bêtise dont ils font montre en place publique semble donc plus découler d’un travers culturel que d’un problème d’oxygénation cervical.

Autre spécificité propre à cette race : la couleur des yeux. Les Olympiens ont en effet la particularité d’avoir l’iris de couleur orange avec une teinte variant globalement de celle de l’ambre à celle de la cornaline. La particularité se révèle plus esthétique qu’avantageuse car cela ne semble pas apporter d’acuité visuelle supplémentaire. Cette couleur constitue en revanche une caractéristique sociale de premier ordre, les Olympiens ayant les yeux tirant un peu trop vers le rouge se retrouvant bien souvent mis au ban de la société.

Les Nains

Continuons cette étude avec ces lointains cousins des Olympiens. Bien que les Nains aient tendance à vouloir oublier leur ascendance, les plus vieux livres d’histoire racontent que les Nains seraient les descendants d'exilés Olympiens promis à une inévitable mort dans les montagnes. Si ce qui est écrit est bien vrai, cela met en exergue une qualité immémoriale de ce peuple : la ténacité. Destinés à mourir, ces proscrits se sont obstinés à survivre pour devenir ce petit peuple têtu et revanchard. Pas étonnant que les réunions de famille entre Nains et Olympiens tournent si souvent au pugilat.

Phase de collecte

Le principal problème que j’ai pu rencontrer avec les Nains tient au fait qu’ils sont totalement réfractaires à la compulsion. Quand ils ne bloquent pas totalement le sort, leur caractère bien trempé se révèle difficile à dompter si bien qu’ils finissent toujours par rompre l’enchantement. Avec eux, pas le choix que d’employer d’autres méthodes.

La ruse ne fonctionne guère mieux avec les Nains car leur nature défiante leur fait imaginer des traquenards à chaque coin de rue (à juste titre !) et il est difficile de gagner leur confiance sauf à descendre un nombre incalculable de choppes en leur compagnie. Mais à ce jeu-là, les Nains se révèlent bien meilleurs que votre serviteur, c’est pourquoi je ne m’engage jamais dans cette voie-là.

La meilleure solution reste donc de les contraindre à me suivre par la force. Bien heureusement, l’effet de surprise et la faible tolérance des Nains à la magie me permet généralement de prendre rapidement le dessus sur mes cibles. Reste qu’il vaut mieux s’attaquer à des voyageurs isolés, ce qui n’est pas si simple à trouver car les petits barbus se déplacent souvent en groupe.

Mesures des attributs

A l’arraché de poids, les Nains arrivent à soulever une masse maximale de 180 kg. La prouesse est impressionnante, d’autant qu’il s’agit du double de leur poids !

Au niveau de la capacité magique, les résultats sont moins probants. Ils ne réussissent à ingurgiter qu’à peine 100 grammes de mixture avant de se mettre à convulser en déversant tripes et boyaux. J’ai bien failli perdre plusieurs de mes cobayes à cette étape par suffocation avec leur propre vomissure. L’expérience les laisse quoiqu’il en soit à bout de force et il est nécessaire de leur laisser un repos conséquent avant de pouvoir reprendre le fil des expérimentations.

La mesure de résistance magique ne se déroule pas beaucoup mieux. Les Nains s’effondrent à une pression magique correspondant au modique total de 3 cristaux de mana. La syncope dans laquelle les cobayes tombent à l’issue de l’expérience me fera perdre la moitié d’entre eux.

Devant le désastre que je vois se profiler, je prends la décision de changer mon protocole d’expérience et de ne réaliser l’expérience jumelle qu’à la toute fin.

Étrangement, le test le plus traumatisant pour les Olympiens fut mieux vécu par les Nains. Bien sur ils hurlèrent lorsque les tendons et les muscles s’arrachèrent du tronc, mais le traumatisme sembla moins profond après la perte de leur membre qu’après les différents tests magiques. La force nécessaire au démembrement atteint avec eux la valeur considérable de 6 200 N.

La mesure de force mentale se conclura aussi mal que je le craignais. Les nains réussissent toutefois à atteindre le nombre impressionnant de 10 cristaux avant que leur force mentale ne cède. Et les conséquences sont sans appel : la totalité des sujets d’études décèdent à la suite de ce test.

Ne reste donc qu’à les vider de leur sang pour recueillir leur liquide vital dans un seau. La vitalité des Nains correspond à un volume de 5L de sang.

Spécificités anatomiques

Les Nains mesurent en moyenne 1,4m pour un poids de 90kg. Les femelles sont moins massives, leur poids pouvant descendre jusqu’à 70kg pour une taille sensiblement identique.

La peau est épaisse et recouverte d’une pilosité abondante sur l’intégralité du corps. La légendaire barbe des Nains en est d’ailleurs la démonstration la plus manifeste. Cette barbe semble par ailleurs jouer un rôle hautement important dans les mœurs de ce peuple, en particulier lors de la parade nuptiale qui précède l’accouplement. Enfin, quoique l’on puisse raconter, les Naines femelles que j’ai pu auscultée dans cette présente étude était tout à fait dépourvue de cet attribut viril.

Les Nains possèdent en outre quelques spécificités physiques propres aux espèces cavernicoles : légère dépigmentation, allongements des membres supérieurs, ralentissement du métabolisme qui se traduit par une inhibition de la croissance.

Si la petite taille des Nains s’explique par leur environnement, ils ont toutefois compensé en largeur tout ce qu’ils ont perdu en hauteur au fil des siècles.

La preuve la plus notable de l’incidence de l’environnement sur les mutations physiologiques se trouve sans doute au niveau de leur vision. Les Nains présentent des yeux de couleur rouge qui sont atypiques à plusieurs égards. Tout d’abord, ils semblent pouvoir capter des rayons lumineux invisibles au commun des mortels, ce qui doit avoir un rapport direct avec leur couleur. Des érudits Elfes qui étudient les arcs-en-ciel semblent penser que la lumière du soleil serait constituée de plusieurs couleurs allant du rouge au violet. Ils supputent même que ces deux couleurs ne seraient que les frontières connues des couleurs visibles par nos yeux et qu’il en existerait d’autres au-delà de ces limites. Les Nains seraient hypothétiquement capables de capter la lumière en delà de la couleur rouge, conjecture qu’il faudra bien évidement vérifier lorsque les avancées de la science le permettront. Deuxièmement, les yeux des Nains présentent également une structure particulière à l’arrière de la rétine. Le fond de l’œil est tapissé de la même couche réfléchissante que l’on retrouve à l’arrière de celui des félins et qui permet probablement de maximiser la quantité de lumière captée par la rétine. L’association de ces deux éléments pourrait expliquer d’où les Nains tirent leur vision nocturne.

La paroi du crane est épaisse et le cerveau de bonne taille (1500g). Le cœur est légèrement plus gros que celui d’un Olympien (500g), la fréquence cardiaque bien inférieure (40 bpm). L’étroitesse de la cavité cervicale combinée à la forte pression artérielle pourra provoquer la compression du cerveau en cas d’afflux sanguin important. Voilà qui pourrait expliquer un de leur principal trait de caractère : l’irascibilité.

Les Géants

Continuons avec l’autre branche éloignée de la grande famille Olympienne. Si les légendes sont exactes, l’histoire des Géants commença de la même façon que celle des Nains. Des Olympiens voués à l’exil se seraient retrouvés à errer dans les montagnes, destinés à une mort certaine mais qui, à l’instar du chiendent, finirent par prendre racine sur ce territoire désolé. La similitude de leurs histoires et l’exécration commune pour ce parent honni a indubitablement resserré les liens entre ces peuples de proscrits. La différence principale entre ces deux souches réside dans le fait que les Géants, à l’inverse des Nains, aient préféré s’installer en haut de la montagne plutôt qu’en dessous.

Phase de collecte

Même si la compulsion marche formidablement bien avec les Géants, je me suis retrouvé en grande difficulté pour l’utiliser. En effet, les mauvaises relations entre nos deux peuples font qu’il ne m’a jamais été possible d’approcher un Géant sans que celui-ci ne se mette en état d’alerte et ne sortent immédiatement ces armes pour tenter de m’occire.

Dans ces conditions, j’ai dû tirer un trait sur la ruse ou la manière douce. Ne restait donc qu’à emprunter le chemin de la violence. Et à ce petit jeu-là, je dois admettre que je n’ai rien à envier à ce peuple bestial. Les échanges furent donc virulents et je gage que les Géants n’ont guère dû apprécier de gouter à leur propre médecine. Malgré un taux de mortalité élevé, je réussis quand même par prélever quelques individus vivants (mal-en-point mais vivants) pour mes expérimentations.

Mesures des attributs

A l’arraché de poids, les Géants peuvent soulever la masse maximale de 200 kg. La valeur a de quoi impressionner et voilà qui donne du crédit aux légendes faisant état de Géants capables de lancer des rochers sur plusieurs dizaines de mètres. Il faut toutefois opposer cette mesure avec le propre poids des Géants (ci-après) pour se rendre compte que les individus de ce peuple n’arrivent finalement à soulever qu’un peu plus que leur propre masse corporelle.

Pour ce qui est de la capacité magique, les Géants réussissent à ingurgiter 200 grammes de mixture avant régurgitation.

Les deux expériences avec les cristaux de mana donnent respectivement les résultats suivants : 5 cristaux avant évanouissement pour la résistance magique et 6 cristaux pour la force mentale. Les valeurs étant relativement proches, les sujets d’étude n’ont pas subi de trop grands traumatismes physiologiques et psychiques durant ces épreuves et ont donc pu récupérer rapidement avant de passer à la suite.

L’expérience a été beaucoup moins bien vécue lors de l’écartèlement. Dès les premiers tours de treuils, les Géants ont commencé à hurler de douleur. Bien que la souffrance soit difficilement quantifiable, il semble tout de même que l’arrachement ait été une épreuve bien plus traumatisante pour les Géants que pour leurs deux lointains cousins. Il faudra vérifier durant la dissection si cela peut être corréler à une quelconque particularité anatomique. Le démembrement s’opère après 4 tours de treuil, soit une force exercée de 4200 N. Fait notable : l’arrachement du bras s’est à chaque fois accompagné d’une puissante détonation.

Après saignée, le volume de sang recueilli est de 6,5L. La vitalité est conséquente mais rien de surprenant en regard de la taille du peuple étudié.

Spécificités anatomiques

Avec un poids moyen de 170kg et une taille de 2,7m pour les individus mâles, les Géants sont de loin l’espèce évoluée la plus grande d’Olympia. Les femelles affichent des proportions un peu plus modestes (2,3m et 120 kg) mais qui reste supérieures à celles des autres races.

Il est vrai que si les espaces clos ont fini par réduire les dimensions des Nains, les conditions de vie difficiles et la nécessité de lutter contre des grands prédateurs comme les ours et les panthères des neiges ont fini par opérer chez les Géants une sélection des spécimens les plus grands et les plus robustes. Ainsi leur taille a considérablement augmenté tandis que leurs coutumes devenaient plus féroces.

L’accroissement de taille ne s’est pas fait sans occasionner de profonds changements physiologiques. Ainsi le cœur a décuplé de volume pour atteindre la masse impressionnante de 2,5kg. La puissance de l’organe cardiaque permet d’obtenir la pression sanguine nécessaire à propulser le sang jusqu’au cerveau. Les vaisseaux sanguins se sont également faits plus étroits et la fréquence cardiaque au repos a doublé (110 bpm) pour garantir une vitesse de circulation sanguine importante. Malgré tout, la perte de charge et la nécessité d’avoir une irrigation des muscles plus importante s’est fait au détriment de la vascularisation de l’encéphale, ce qui explique sa diminution de taille. En effet, avec un poids modeste de 1200 g, le cerveau est de petite taille pour une espèce intelligente. Voilà qui permet d’expliquer en partie les mœurs barbares et primitives de ce peuple.

Afin de pouvoir résister aux forces engendrées par le déplacement de la masse corporelle, les tendons des Géants ont doublé de diamètre par rapport à ceux des Olympiens. La puissante détonation entendue lors du démembrement de leurs bras trouve sans doute son explication dans la taille des tendons et dans le bruit que cela provoque lorsqu’ils se rompent. Quant à la forte douleur ressentie lors de cette expérience, elle est probablement due à l’importante innervation des membres.

Autre attribut distinctif : l’épaisseur et la mauvaise vascularisation du derme lui donne une teinte bleue-grisâtre plus ou moins importante. Chez certains individus, l’épiderme est même craquelé, si bien que la peau finit par ressembler à de la pierre.

Les Hommes Sauvages

Intéressons nous désormais à la plus complexe et mystérieuse des peuplades d’Olympia. L’apparition des Hommes Sauvages serait, selon les chroniques, antérieures à celle des Olympiens et des Elfes. Malheureusement, assez peu de renseignements ont survécu au passage à travers les âges mais une information revient incessamment à travers les ouvrages les plus anciens : les Hommes Sauvages auraient initialement été des êtres de magie pure et c’est la malédiction de Cronos qui les aurait attachés à un corps frêle et mortel. L’existence des Hommes Sauvages relèverait donc de l’hybridation entre des esprits intangibles et des grands singes. Voila quelque chose que seuls les Dieux ne seront jamais capables de réaliser…

Phase de collecte

La phase de collecte ne s’est pas montrée véritablement compliquée mais à nécessité de faire preuve de circonspection. Jouissant d’une éminente position au sein de la communauté Sauvage, il n’était pas question de me compromettre lors de cette phase et d’anéantir mon existence politique. Le choix des sujets d’étude s’est donc tout naturellement porté sur les rebuts de la société : assassins, voleurs, mendiants et autres parasites sociaux dont la disparition soudaine ne risquait pas de provoquer trop de remous.

Bien évidemment, impossible d’utiliser la compulsion sur les membres d’un peuple exclusivement tourné vers la magie, les risques de se faire contrer et démasquer étant bien trop grands.

La méthode de collecte la plus efficace dans le cas présent est d'avoir recours à la ruse. Avec la lie de la société, la promesse d’un bon repas ou de quelques pièces d’or suffit généralement à attirer la proie dans un lieu judicieusement choisi où elle tombera inéluctablement dans le guet-apens arrangé à son intention.

Mesures des attributs

En termes de force physique, les Homme Sauvages ne peuvent soulever que 110 kg au maximum. La valeur est faible en comparaison des autres races mais reste considérable en regard du poids de l’espèce.

Pour ce qui est de la capacité magique, les Hommes Sauvages réussissent à avaler jusqu’à 420 grammes de mixture avant de vomir leur repas. L’indisposition est toutefois passagère et les cobayes sont capables de reprendre quelques bouchées du gruau quelques dizaines de minute après l’intoxication.

L‘expérience des cristaux avec la calotte métallique donne une valeur de 5 cristaux pour la résistance magique. La même expérience sans la calotte donne 9 cristaux pour la force mentale. Lors de cette deuxième expérience, la forte pression magique ressentie avant que les barrages mentaux ne cèdent a des conséquences fâcheuses sur les sujets d’étude. Contrairement aux Nains, le taux de mortalité reste assez faible mais les Hommes Sauvages entrent de façon quasi-systématique dans une stase pouvant durer plusieurs jours. Les constantes vitales chutent alors drastiquement et seuls les organes primordiaux (à savoir le cœur et les poumons) continuent de fonctionner au ralenti. Malgré diverses tentatives, aucun autres moyens que la patience et l’attente ne permettront d’obtenir le réveil des sujets d’étude.

Après un délai plus ou moins variable, les expériences peuvent reprendre leur cours avec l’écartèlement. Le membre supérieur des Hommes Sauvages s’arrache avant la fin du troisième tour de treuil, ce qui correspond à une résistance physique d’à peine 2950 N. A noter que sous la douleur, la plupart des cobayes décèderont d’un arrêt cardiaque à cette étape.

Ne reste donc qu’à vider rapidement les dépouilles de leur sang. Le volume de liquide vital récolté est de 4,5L. La vitalité est faible, ce qui est en cohérent en regard de la fragilité de l’enveloppe physique de l’espèce.

Spécificités anatomiques

Les mâles mesurent 1,7m pour un poids de 60kg, les femelles sauvages sont légèrement plus petites avec une taille de 1,6m pour un poids de 55 kg. Le cœur est petit (250 g) mais la fréquence cardiaque est plus élevée que la moyenne (80 bpm). Le cerveau à une taille supérieure à celle des autres peuples avec une masse de 1650 g.

La spécificité la plus remarquable des Hommes-Sauvages est sans nul doute leur capacité de polymorphisme et cela n’a bien sûr pas facilité le travail de l’anatomiste que je suis. Les caractéristiques anatomiques variant sensiblement d’un individu à l’autre, il a été difficile d’établir une physiologie commune à l’ensemble de l’espèce.

Il n’en reste pas moins que cette capacité de polymorphisme est analogue à l’ensemble des représentants de la race bien qu’elle soit plus ou moins développée selon les individus. Cette aptitude peut prendre des formes diverses : iris de félin, corne de cervidés ou langue de serpent pour les plus discrètes, bec d’oiseau en lieu et place de la bouche, sabot à la place des pieds, peau recouverte d’écaille ou ailes de chiroptères sous les bras pour les moins facilement dissimulables. La transformation en animal peut d’ailleurs être superficielle, partielle ou complètement totale selon les cas. La polymorphie est susceptible d’évoluer dans le temps, de manière consciente pour les plus aguerris, inconsciente et sujette aux émotions pour les moins habiles dans le domaine. Elle est toutefois pratiquée avec la plus grande parcimonie par les initiés, les changements physiques entraînant la plupart du temps des modifications structurelles du squelette, les transformations s’avèrent extrêmement douloureuses et coûteuses en énergie. Mal contrôlé, le polymorphisme peut devenir une vraie source de handicap au quotidien.

Autre point particulier propre à l’espèce mais nettement moins voyant : des canalicules spiralés enceignent les vaisseaux sanguins à tous les niveaux de l’organisme. Là où le sang est rouge et présente un goût ferreux, le liquide contenu dans ces canalicules est de couleur bleu et possède un goût métallique plus proche de celui du cuivre. La surface d’échange entre ces canaux et les vaisseaux sanguins est très importante et laissent suggérer que leur fonction pourrait avoir un lien avec la magie. Si cette hypothèse s’avérait correcte, cela pourrait expliquer la prédisposition des Hommes Sauvages pour la magie ainsi que leur impressionnante capacité à stocker le mana.

Les Elfes

Continuons avec un autre peuple sylvestre. Il n’y a pas d’ancêtre commun entre les Elfes et les Olympiens ou entre les Elfes et les Hommes Sauvages, nous avons ici affaire à une souche divergente de civilisation. Difficile de trouver des écrits sur l’origine des Elfes. Les raisons de leur apparition sur Olympia restent obscures mais les livres d’histoires semblent s’accorder sur le fait que les Elfes apparurent sensiblement à la même période que les Olympiens. La rivalité qu’ils entretiennent remontent donc à des temps immémoriaux…

Phase de collecte

La phase de collecte s’est révélée plus difficile qu’à l’accoutumée, pour une raison particulière. Au fil des années, les incursions successives des Olympiens dans leur forêt ont poussé les Elfes à bâtir une forteresse troglodyte et à s'y retrancher. Si cela n’empêche pas nombre de leurs héros de fouler en toute sérénité la surface d’Olympia, il s’agit bien souvent des individus les plus redoutables et qui se déplacent en bandes armées. Il n’aurait été ni prudent, ni intelligent, de sélectionner mes cobayes dans cette frange de la population.

Pour atteindre la partie la plus modeste et la plus insignifiante de la plèbe elfique, il a donc été nécessaire de m’infiltrer en toute discrétion dans la ville souterraine.

Une fois sur place, il était bien évidement proscrit d’utiliser la compulsion sur des êtres qui utilisent la magie au quotidien et il était également impossible d’utiliser la force en plein cœur de leur territoire.

La discrétion étant de mise, il a donc été nécessaire de faire preuve d’une bonne quantité de roublardise pour parvenir à attirer les victimes à l’extérieur de leur cité-caverne et pour en sortir aussi discrètement que j’y étais entré.

Mesures des attributs

En termes de force physique, les Elfes peuvent soulever la masse maximale de 140 kg. La valeur est moyenne mais constitue déjà une prouesse en soi car elle représente le double de leur propre poids.

Pour ce qui est de la capacité magique, les Elfes réussissent à avaler 310 grammes de mixture avant de rendre tripes et boyaux. Cependant, les effets de l’intoxication se dissipent vite et permettent de passer à l’expérience suivante sans trop d’attente.

Les deux expériences avec les cristaux de mana donnent des résultats assez proches : 6 cristaux pour la résistance magique et 8 cristaux pour la force mentale. La proximité des deux valeurs permet encore une fois d’éviter les traumatismes les plus importants et une nuit de repos s’avère en général suffisante avant de passer à la suite.

Le démembrement du bras est obtenu juste avant la fin du 5eme tour de treuil ce qui représente une résistance physique de 4900 N. Il convient ensuite de passer rapidement à la saignée.

Le volume de sang recueilli après saignée est de 5,5L. La vitalité est moyenne mais le volume sanguin est important en comparaison de la masse corporelle.

Spécificités anatomiques

Les représentants masculins de l’espèce mesurent 1,9m pour un poids de 70kg. Les individus féminins sont légèrement plus grands avec une taille de 2m pour sensiblement le même poids. Le cœur pèse 300g et le cerveau 1500g. La fréquence cardiaque au repos est relativement faible (50 bpm), ce qui n’empêche pas la bonne vascularisation de l’ensemble du corps.

L’agilité et la grâce des Elfes peut s’expliquer par une spécificité anatomique singulière : les os sont creux. Si les petits os sont parfois pleins, la totalité des gros os constitutifs du squelette sont évidés. Le milieu de l’os est complètement vide et entouré d’une structure alvéolaire en « nid d’abeille », contenant la moelle osseuse et permettant d’assurer la solidité fonctionnelle de l’os tout en allégeant considérablement l’ensemble. Le gain de poids sur la totalité du squelette est important, la masse des os étant réduite de moitié par rapport à une structure pleine.

Le trait de caractéristique des Elfes le plus reconnaissable est bien entendu leurs oreilles pointues qui leur valent parfois certaines railleries de la part des gens simples et ignorants. Cette spécificité anatomique semble être intimement liée à une acuité auditive supérieure à celles des aux autres races. A l’instar des félins, les Elfes possèdent en effet un pavillon auriculaire triangulaire. S’il n’est pas mobile comme celui des fauves, sa forme spécifique semble lui permettre de capter plus facilement les sons que des pavillons à l’allure plus classique.

Beaucoup moins visible, l’oreille interne des Elfes possède également une spécificité unique. Les cristaux habituellement blancs qui s’amassent dans le vestibule de l’oreille interne ont ici une couleur différente de celles des autres vertébrés. Chez les Elfes, les cristaux sont opalescents et semblent réagir à des variations imperceptibles de la magie environnante. Lorsque c’est le cas, les cristaux prennent une teinte bleue pulsatile plus ou moins intense et rythmée en fonction de la pression magique ambiante.

Malgré des origines dissemblables et des spécificités anatomiques propres à chacun d’entre eux, il existe une ressemblance physique troublante entre les Elfes et les Olympiens. Loin de les avoir rapprochées, ces similitudes n’ont fait qu’exacerber les tensions entre ces deux espèces. Sans doute car chacun de ces deux peuples a dû voir en l’autre un reflet déplaisant de lui-même, mais nous entrons ici dans le champ de la philosophie et ce n’est pas le dessein de cet ouvrage.

Il faut toutefois noter qu’aucune différence notable n’a été constaté au niveau de l’appareil reproducteur et que rien ne semble donc empêcher le croisement des deux races. En se basant sur les résultats obtenus lors de cette étude, il y a fort à penser qu’un être hybride obtenu par reproduction des deux races pourrait conduire, en cumulant le meilleur des capacités physiques et des coutumes des souches, à l’obtention d’une race ultime capable du meilleur… comme du pire. Mais cela fera sans doute l’objet d’une étude ultérieure.

Les Lutins

Terminons cet ouvrage par un peuple encore relativement méconnu. De nombreux ouvrages d’histoire attestent que les premiers Lutins apparurent sur Olympia à la suite de châtiments divins. Ils s’agissaient alors majoritairement d’abominables individus (de tous peuples confondus) qui avaient fini par fâcher les dieux de par leurs exactions ou leurs mœurs débridés. La sentence fut à la hauteur de leurs péchés, ils furent condamnés à terminer leurs existences dans une enveloppe corporelle frêle et malingre. Si les premiers individus ne devaient leurs conditions qu’au courroux céleste, les premiers accouplements intra-espèce survinrent avec l’augmentation de la population si bien que la plupart des Lutins actuels ont hérité de leur appartenance à ce peuple directement de leurs parents.

Phase de collecte

Toutes les méthodes de collecte habituelles fonctionnent correctement avec les Lutins. La compulsion est la méthode la plus discrète et efficace mais certaines des victimes arrivent parfois à briser l’enchantement par force de volonté. La ruse fonctionne également mais présente certaines limites, les fripouilles faisant de mauvaises dupes, il n’est pas aisé de tromper les Lutins car ils ont un réel don pour flairer les coups fourrés. La force garantie de bons résultats car ce peuple honni n’a pas les armes pour se défendre, mais la méthode manque par beaucoup de subtilité.

La principale difficulté rencontrée lors de cette phase tient au fait que les Lutins sont un peuple assez peu répandu. Leurs corps cacochymes sont à l’origine d’un assez gros taux de mortalité naturel que les naissances peinent à compenser. Ajouter à cela les persécutions qu’ils ont toujours subi et qui ont contraint leur peuple à se terrer dans des tanières secrètes. Ne reste donc que quelques individus assez courageux pour parcourir la surface d’Olympia et ceux-là sont généralement des escrocs marchands de renoms qu’il est bien difficile de faire disparaître sans attirer l’attention.

Mesures des attributs

En termes de force physique, les Lutins arrivent à soulever la masse de 95 kg. Il s’agit là d’une performance extraordinaire pour un corps si chétif mais l’effort déployé lors de cette épreuve conduit parfois au décès des cobayes à la suite de ruptures d’anévrisme.

Concernant la capacité magique, les Lutins réussissent à avaler 90 grammes de mixture avant overdose. Une bonne partie des sujets d’études décéderont malheureusement à la suite de cette mesure.

Les deux expériences avec les cristaux de mana donnent des résultats assez proches : 3 cristaux pour la résistance magique et 6 cristaux pour la force mentale. Le taux de perte est par chance assez faible sur ces deux expériences combinées.

L’arrachement du bras survient à la moitié du 3eme tour de treuil, ce qui représente une résistance physique de 2600 N. La majorité des cobayes sont par ailleurs terrassés par un arrêt cardiaque au moment de la dislocation.

Le volume de sang recueilli après saignée est de 4,3L. La vitalité est faible, à l’image de leur santé.

Spécificités anatomiques

Il y a peu de différences entre les individus masculins et féminins mais les mensurations sont très disparates en fonction de l’espèce d’origine des Lutins. La taille moyenne de l’espèce est de 1 m, le poids moyen de 30 kg. La fréquence cardiaque au repos est élevée (130 bpm) tandis que le cœur est petit (150g).

Comme évoqué précédemment, le corps des Lutins est frêle et maladif. A tous les niveaux de leur anatomie, ont trouve des indices de la cruelle farce que les dieux ont joué à ce drôle de peuple : les tendons sont mal hydratés et sujets à l’inflammation, les artères et vaisseaux sanguins sont parcourus d’anévrisme, les os sont poreux et cassent facilement…

Non dénoués d’ironie, les dieux ont tout de même dotés les Lutins d’une spécificité anatomique que tous les autres peuples jalousent. Est-ce intentionnellement qu’ils donnèrent une raison supplémentaire aux autres peuples de se défier des Lutins ? Ou faut-il y voir une intervention du dieu Priape lui-même ? Tout n’est que supposition, toujours est-il que l’attribut viril des individus mâles de l’espèce est tellement long qu’il en devient presque handicapant. A ce sujet je me permettrais de citer les sylviculteurs de mon espèce : le tronc a beau paraître chétif, cela n’empêche pas la branche d’être vigoureuse. Voilà qui en ajoute encore à la réputation sulfureuse de ce petit peuple.

La seconde spécificité anatomique constitue la grande taille du cerveau (1750 g). Cela explique la disproportion de la boite crânienne en regard de la taille de l’espèce. La dimension de leur organe noble est à mettre en parallèle avec la rouerie dont les individus de ce peuple font preuve. Comme dirait un célèbre philosophe, la vie trouve toujours un chemin. L’intelligence a ici compensée la faiblesse du corps, ce qui a permis au Lutin de survivre et de se faire une place en ce monde. Combinant un esprit retors, un langage enjôleur et une affinité naturelle pour l’or, rien d’étonnant dès lors à ce que les Lutins soient devenus les meilleurs commerçants du monde.

Synthèse

En conclusion de ce travail et pour faciliter la comparaison des résultats à mes lecteurs, voici un récapitulatif synthétique des différents attributs des peuples d’Olympia:

Postface

Cet ouvrage est désormais terminé. J’espère, chers lecteurs, que vous aurez su trouver les informations que vous recherchiez à la lecture de ces lignes. Il représente pour moi le travail d’une vie et je ne peux cacher ma fierté alors que je touche à son accomplissement au moment de coucher sur papier ces derniers mots.

Je ne doute pas que vous pardonnerez les méthodes discutables dont j’ai dû user afin d’obtenir les présents résultats mais l’avancé scientifique apportée par ce travail justifie finalement tous les moyens employés. J’ai bon espoir que ce livre devienne au fil le temps, le recueil de référence en ce qui concerne l’anatomie des peuples civilisés d’Olympia.

Que ce livre puisse apporter sa pierre au grand édifice de l'érudition.

univers/ecrits/anatomie_comparee_des_peuples_d_olympia.txt · Dernière modification : 2024/08/22 17:29 de orcrist